LES SYMPTÔMES DE SCHIZOPHRÉNIE DIFFÈRENT D'UNE PERSONNE À L'AUTRE PAR LEUR INTENSITÉ ET LEUR MANIFESTATION

La schizophrénie est, comme toute autre maladie, caractérisée par de nombreux symptômes. Ils peuvent varier d’une personne à l’autre, ne sont pas toujours présents en même temps et, une même personne peut présenter différents symptômes selon le stade de sa maladie. Ils sont classés en deux grandes catégories : les symptômes positifs et les symptômes négatifs. Des déficits cognitifs et des perturbations de l’humeur peuvent également, à des degrés divers, faire partie des symptômes de la schizophrénie.

Symptômes positifs

Les symptômes positifs sont des manifestations qui s’ajoutent aux fonctions mentales habituelles d’un individu, à ses pensées. Ils apparaissent au cours de la phase aiguë de la maladie (qu’on appelle parfois la décompensation psychotique) et amènent la personne à avoir des comportements et une conduite parfois incompréhensible aux autres.

Les symptômes les plus fréquents sont :

  • Modifications dans les perceptions : hallucinations auditives et visuelles ;

  • Modifications dans la pensée et les croyances : délire, propos incohérents ;

  • Modifications du comportement : désorganisation, bizarrerie.

LES HALLUCINATIONS

Ce sont des troubles de la perception. La personne est convaincue de percevoir des choses qui, en réalité, n’existent pas. On distingue plusieurs sortes d’hallucinations.

Les hallucinations auditives

Elles peuvent être de simples sons ou des discours incessants. Elles peuvent être énoncées par une ou plusieurs voix. Les interlocuteurs peuvent être connus ou non. Généralement, elles sont localisées de façon précise : entendues près des oreilles, comme chuchotées, ou venant de loin. Elles peuvent être entendues par une oreille ou par les deux. Habituellement, elles tourmentent et font souffrir la personne. Elles transmettent un message, des ordres, des menaces, des commentaires ou des injures. La personne qui les entend peut dialoguer avec ses voix, se tourner dans leur direction et leur demander d’arrêter. Elle peut tenter de les contrôler de différentes façons : bouchons dans les oreilles, écoute de musique avec écouteurs, etc.

Les hallucinations visuelles

Elles peuvent être très diverses. Ce sont des visions, des apparitions de lueurs, de taches colorées, de personnages ou de scènes plus ou moins animées, parfois plaisantes ou très désagréables. Les images peuvent être de tailles normales, géantes ou réduites. Elles sont parfois proches des images d’un rêve.

Les hallucinations olfactives et gustatives

Les hallucinations olfactives sont relatives aux odeurs et les hallucinations gustatives sont relatives au goût. Elles sont moins précises que les autres types d’hallucinations auxquelles elles sont souvent associées. Elles sont habituellement pénibles et désagréables.

Les hallucinations tactiles et cénesthésiques

Les hallucinations tactiles sont relatives au toucher et les hallucinations cénesthésiques sont relatives aux sensations corporelles internes. Elles peuvent être des sensations de brûlures, de fourmillements, des impressions d’insectes grouillant sous la peau. Elles peuvent être ressenties sur un membre, et être alors perçues comme une sensation de mouvement ou de transformation. Elles peuvent être perçues sur une partie du corps, comme des sensations de caresses. Parmi les hallucinations corporelles internes, il peut s’agir de l’impression qu’un de leurs organes disparaît ou, globalement, de l’impression d’être possédé ou dématérialisé.

Les hallucinations psychiques

Les hallucinations psychiques sont des phénomènes que la personne éprouve comme s’ils venaient d’ailleurs : une impression qu'on lui impose des images dans sa tête ou qu'on l’oblige à revoir des scènes de souvenirs ou de rêves. Ces hallucinations ressemblent à une transmission de pensée, de « télépathie », à des idées imposées.

LES IDÉES DÉLIRANTES

Il s’agit d’une conviction à la fois absolue et fausse, une certitude au sujet de laquelle la personne est insensible à toute argumentation et qui peut envahir sa vie, l’amenant parfois à accomplir des actes absurdes et incompréhensibles pour l’entourage. Pour la personne, cette certitude est plus véridique et plus importante que la réalité extérieure qui, pour elle, n’a aucune valeur. Ces convictions erronées sont constantes, non transitoires, et ne sont pas partagées par les autres. Le délire explique, en quelque sorte, le monde inquiétant et angoissant dans lequel la personne atteinte de schizophrénie est plongée. Il existe différentes sortes d’idées délirantes.

Le délire de persécution

Aussi appelé pensée paranoïaque, c'est le délire le plus fréquent. La personne a la conviction que l’on se conduit d'une façon malveillante envers elle ou envers une personne qui lui est proche. Elle a la conviction d'être persécutée et d'être en danger. Elle peut penser qu'on l'espionne, qu'il y a un complot contre elle, qu'on la trompe, qu’on veut la tuer, etc..

Les idées de grandeur

Elles sont presque aussi intenses que les idées de persécution. Ce sont des illusions de puissance, d’influence, de richesse, de grande intelligence, de filiation grandiose, de surestimation de ses capacités personnelles.

Le délire de contrôle

Dans le délire de contrôle, la personne est convaincue d’être sous l’emprise d’une force étrangère. Elle croit que tout ce qu’elle dit, écrit ou fait, lui est imposé par une puissance qui la domine. Ces forces étrangères peuvent être des rayons, des ondes ou peuvent agir par des voies paranormales.

La divulgation de la pensée

La personne sent que ses pensées quittent sa tête pour se diffuser à l’extérieur, comme à la radio, par exemple. Elle a souvent l’impression que ses pensées, ses sentiments et ses gestes les plus intimes sont connus ou partagés par les autres.

Les idées de références

La personne est alors convaincue que les autres parlent d’elle, ou lui font signe, dans la rue, à la télévision ou ailleurs.

DÉSORGANISATION DE LA PENSÉE ET DU COMPORTEMENT

Les troubles de la pensée et du discours

La perturbation de la logique de la pensée se manifeste par un langage incompréhensible comportant l’expression d’idées décousues. Soit que les phrases sont incohérentes et n’ont aucun lien logique entre elles, soit que les propos ne riment à rien ou encore que la personne passe d’un sujet à l’autre à un rythme accéléré.

Les troubles de comportement

La personne peut accomplir une variété d’actions erratiques, sans but, qui paraissent bizarres à son entourage. La famille et les proches peuvent trouver que la personne « n’est plus la même ». Elle peut devenir hostile et même agressive.

Symptômes négatifs

Les symptômes négatifs, plus difficiles à déceler, traduisent des pertes de fonctions normales, une dégradation des aptitudes habituelles. Ils constituent un manque chez la personne, une absence de comportements attendus, comme si un mécanisme central normalement présent faisait défaut. On peut les percevoir comme un « déclin », une dégradation des aptitudes habituelles. Les symptômes négatifs apparentés à la schizophrénie sont souvent confondus avec de la paresse. Ils en ont parfois l’apparence, mais ils sont, en fait, une manifestation de la maladie et ils se traduisent par une incapacité de passer à l’action. Les symptômes négatifs apparaissent habituellement avant les symptômes positifs et peuvent persister, même après la phase aiguë de la maladie et que l’état de la personne a été stabilisé. Ils ne sont pas souvent reconnus comme des signes avant-coureurs de la maladie et peuvent être confondus avec certains comportements rencontrés à l’adolescence.

Les plus fréquents sont :

  • Difficulté à communiquer (alogie) ;

  • Difficulté à ressentir du plaisir (anhédonie) ;

  • Manque d'énergie et de motivation (aboulie) ;

  • Pauvreté de la pensée ;

  • Retrait social (isolement) ;

  • Diminution dans l’expression des émotions (affect émoussé).

DIFFICULTÉ À COMMUNIQUER

La personne peut devenir très peu portée à s’exprimer spontanément, une conséquence du ralentissement général de la pensée, voire même d’une absence d’idées. Les difficultés à converser se manifestent par une pauvreté du discours, des réponses évasives et brèves, des interruptions subites de la conversation ou une augmentation du délai de réponse à une question.

UN MANQUE D’ÉNERGIE ET DE MOTIVATION

C’est un symptôme fréquent. La maladie peut causer une perte de vivacité, d’entrain et d’intérêt général chez la personne. Cela se traduit souvent par une incapacité d’assumer ses responsabilités à la maison, au travail ou à l’école. La personne peut être portée à ne rien faire, à dormir pendant de longues périodes.

LE RETRAIT SOCIAL 

La personne manifeste un manque d’intérêt croissant envers son milieu social. Il y a un effritement des relations avec les amis et les pairs et même avec les membres de la famille. Elle s’isole de plus en plus et présente un repli sur soi manifeste. On note une diminution de la quantité et de la qualité des activités de loisirs et de l’intérêt pour les activités de détente. 

UN ÉMOUSSEMENT AFFECTIF

La personne éprouve de la difficulté à ressentir et exprimer des émotions. À long terme, la physionomie, le regard, l’intonation de la voix de la personne peuvent en venir à n’exprimer aucune nuance émotive. Mais il peut également y avoir des réactions inadaptées à certaines situations: rire sans raison apparente ou en apprenant une nouvelle triste ou angoissante, ou pleurer en entendant une histoire drôle.

Déficits cognitifs

Les déficits cognitifs sont des altérations des capacités du cerveau à traiter l’information pour bien fonctionner en société. Ils affectent l’habileté de la personne à comprendre, analyser ou à se rappeler l’information reçue. La personne a de la difficulté à se concentrer sur une tâche spécifique ou à fixer et maintenir son attention. La mémoire à court terme de l’individu semble être affectée en premier. Ceci perturbe l’exécution des activités de la vie quotidienne et peut expliquer pourquoi certains individus ont de la difficulté à veiller à son hygiène, prendre sa médication, etc. La personne atteinte de schizophrénie éprouve également beaucoup de difficultés à prendre des décisions, ce qui l’amène à changer d’idée, à hésiter longtemps avant de prendre des décisions banales, à dire non alors qu’elle pense oui (ou vice versa) puis à regretter ce qu’elle vient de dire. De plus, à cause des problèmes qui affectent l’attention, la mémoire et la concentration, l’apprentissage peut être pénible pour certains individus.

Symptômes affectifs

Il est fréquent que la personne atteinte de schizophrénie ressente de l’anxiété, de la tristesse et des sentiments dépressifs. En outre, la personne peut être découragée et vivre une détresse profonde lorsqu’elle réalise l’impact de la maladie sur sa vie. Le risque de suicide est plus grand chez les personnes souffrant de schizophrénie que dans la population générale. Les idées suicidaires doivent être prises très au sérieux et doivent inciter la personne et la famille à chercher immédiatement de l’aide.

Anosognosie ou le manque d’insight

L’anosognosie est un trouble neuropsychologique qui explique qu'une personne atteinte de schizophrénie ne semble pas avoir conscience de sa condition. À l'inverse du déni, qui est un mécanisme de défense psychologique « normal », cette méconnaissance de la maladie par l’individu est pathologique.

  • Absence de prise de conscience de la maladie

  • Donne à la personne malade une idée d’elle-même qui est figée dans le temps

  • À ne pas confondre avec le déni de la réalité

  • « L’anosognosie empêche la personne de se rendre compte qu’elle est malade. » (Xavier Amador)

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